La plage de Sa Riera accueille tous les étés un évènement majeur de notre calendrier : la traditionnelle Cantada d’Havaneres au Club Nautique, dirigée par le trio Port Bo. Une soirée où le rom cremat ne peut en aucun cas manquer. Nous parlons aujourd’hui de ce genre qui jumelle deux peuples aussi éloignés que proches que Cuba et la Catalogne.

Un canto de ida y vuelta (chant d’aller et retour)

C’est le nom donné aux chansons et aux rythmes qui ont voyagé jusqu’à l’île de Cuba et qui là-bas ils se sont fusionnés aux rythmes d’origine africaine. De ce mélange culturel, Catalogne et Espagne, sont nés divers produits, dont la habanera est devenue le protagoniste absolu de la culture de l’Ampurdà.

La naissance de ce rythme est le fruit d’un processus long et complexe qui a lieu à Cuba au XIXe siècle. La graine initiale se situe à l’arrivée sur l’île du rythme de la danse européenne appelée contradanza, née en Angleterre sous le nom de country-dance. À ses débuts c’était un genre dansable, sans paroles. Certains compositeurs ont adopté le rythme au piano et ont écrit des paroles.

Et ainsi, grâce aux marins et aux soldats qui ont combattu pendant la guerre de Cuba, ces chansons mélancoliques qui trouvent refuge et prospèrent sur la côte arrivent chez nous, en particulier dans la ville voisine de Calella de Palafrugell. Ce qui nous amène aux protagonistes de notre Cantada…

Le trio Port-Bo

Nos protagonistes sont d’authentiques vétérans, puisque leur groupe est né en 1966 et qu’ils sont les déclencheurs de la Cantada de Calella de Palafrugell, la plus prestigieuse de la Costa Brava. La formation originale était accompagnée au piano par le maître Frederic Sirés, auteur de La Gavina. Aujourd’hui, elle est formée par le ténor Josep Nadal, Irineo “Mineu” Ferrer, baryton, et en tant que bassiste, guitariste et directeur musical, Carles Casanovas.

Port-Bo est l’un des groupes d’habaneras les plus connus dans notre région. 23 disques enregistrés, plus de deux cents chansons, des collaborations avec des artistes comme Nina, Manel, Marina Rossell ou la Cobla Montgrins, et des spectacles en Europe, Israël et Tokio, Port-Bo nous promet une magnifique nuit d’habaneras accompagnées, il ne pouvait en être autrement, du fameux…

Rom Cremat, le compagnon indispensable

Les petits matins sur la Costa Brava sont froids, même en été. Pour combattre le froid, les marins de l’Ampurdá agrémentent leurs coutumes de cette boisson aux racines caribéennes très nettes : rhum cubain, café en grain, citron, cannelle et sucre en sont les ingrédients. Quand le mélange est chaud, nous le faisons flamber et le laissons réduire un peu. Il se boit évidemment chaud, et permet d’affronter une dure journée en mer.

Le rom cremat est maintenant une boisson universelle. De nombreux bars de l’intérieur des terres en servent une version, faite avec du rhum ou du brandy, appelée « caliente » ou « quemado », et d’une manière ou d’une autre c’est (ou plutôt, c’était) une boisson habituelle parmi les travailleurs manuels de toutes les terres où l’on parle catalan.

Mais le rom cremat est surtout la boisson indissociable de toute la cantada d’havaneres. Ces représentations sont en général nocturnes et en plein air. Traditionnellement, une cantada pouvait se prolonger jusque tard dans la nuit et rien de tel que cette boisson pour réchauffer la voix et les esprits.

Le 12 août prochain, nous vous invitons à vivre une soirée d’habaneras authentique de l’Ampordá. Nous vous attendons.